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5MPP# 27: Ariane 6


La nuit du 25 au 26 septembre, une Ariane V ECA s'élance de son pas de tir, emportant avec succès deux les satellites Horizons 3E, Azerspace-2/Intelsat 38 vers une orbite de transfert géostationnaire réalisant ainsi son 100ème vol.
Malgré une fiabilité record, Ariane 5 prend de l'âge, et éprouve de plus en plus de difficultés à rester compétitive face à ses concurrents. Et même son meilleur avantage, sa capacité à lancer deux gros satellites, commence à prendre de l'âge.
C'est à sa descendante, Ariane 6, que reviendra la tache de défendre la place de l’Europe dans l'espace.
Mais d'abord, retournons un peu vers le passé, et parlons d'Ariane 5.
Le développement du programme Ariane 5 à été lancé en 1987. Bien qu'il s'agisse d'un projet dirigé par l'ESA, sa réalisation est effectuée par le CNES, le Centre National d’Études Spatiale.
Seulement voilà : contrairement à Ariane 6, la capacité d'Ariane 5, 20 tonnes en orbite basse et 10 en orbite de transfert géostationnaire, dépend directement des besoins de l'époque pour la navette Hermès, donc nous parlions dans l'épisode sur les navettes spatiales européennes. Hors, le projet Hermès ayant été abandonné, Ariane 5 étant déjà bien avancée, le projet à été modifié pour devenir le lanceur connu aujourd'hui. Seulement voilà, entre l’essor des compagnies privées, les lanceurs chinois, indiens, et surtout l'alourdissement des satellites, Ariane 5 voit sa compétitivité diminuer.
Par ailleurs, même si Ariane 5 peut placer 10 tonnes en orbite de transfert géostationnaire, celle-ci ne peut pas rallumer le moteur de son second étage, contrairement à la plupart de ses concurrents, qui le font depuis des dizaines d'années. Le meilleur avantage d'Ariane 5 reste son ancienneté, et sa bonne fiabilité, qui lui permette de rester dans la course à l'heure actuelle, là ou les lanceurs Protons russes, par exemple, ont une moins bonne réputation, notamment à cause de certains déboires, comme une panne d'un moteur de second étage en 2016 dans le cadre de la mission Intelsat-31, les satellites sont arrivés malgré tout sur la bonne orbite, ainsi qu'un accident en 2013 et un autre en 2014, provoquant la perte de la charge utile. Un autre argument en faveur d'Ariane 5, c'est sa capacité (assez unique) à lancer deux gros satellites (5 + 5 où 2 + 6 tonnes, par exemple) en un seul lancement, en les assemblant l'un au-dessus de l'autre.
Certes, Ariane 5 a également connu des déboires, comme le 25 Janvier 2018, ou Ariane à placé sa charge sur une mauvaise orbite, corrigée par les satellites, dont la durée de vie s'est vue diminuée, à la suite d'une erreur dans la programmation des paramètres de vol.
Le 11 décembre 2002, le premier vol d'Ariane 5 ECA, la version actuelle d'Ariane 5, sera également un échec, suite à une défaillance du moteur Vulcain 2.
Ariane 5 a déjà volé 102 fois, dont 5 échecs, en comptant le premier vol d'Ariane 5, dont l’échec est dû à l'utilisation de l'ordinateur de vol d'Ariane 4, ordinateur qui était mal adapté à Ariane 5.

Explosion d'Ariane 5 au cours de son vol inaugural, le 4 juin 1996.


Si vous désirez en apprendre plus sur Ariane, son développement, ses prédécesseurs etc, je vous invite à aller voir les vidéos de Vincent de Stardust sur les fusées françaises, qui sont un excellent complément à cet épisode.

L'épisode 1:


https://www.youtube.com/watch?v=Nuync-mr13U

Cette parenthèse sur Ariane 5 étant terminée, passons à Ariane 6.

Représentation d'une Ariane 6 ( version: Ariane 64, on y reviendra )

Ariane 6 est développée par Arianegroup, coentreprise créée en janvier 2015 et détenue à part égale par Airbus et Safran , le tout sous l'autorité de l'agence spatiale européenne, l'ESA.
Et si vous vous dites que j'oublie ArianeEspace, c'est normal : ArianEspace s'occupe plus de la vente des lanceurs Ariane, Vega et plus récemment Soyouz.
Le début de l'histoire d'Ariane 6 remonte au salon du Bourget de 2009, lorsque les premières études sur la suite du développement du programme Ariane sont annoncées. À cette époque, il y a encore un conflit entre deux opinions, entre le CNES et différents pays-membres: soit développer une nouvelle version d'Ariane 5, Ariane 5ME, capable de mettre 11,2 tonnes en orbite de transfert géostationnaire, et aussi disposant d'un moteur de second étage rallumable, soit développer une nouvelle Ariane, Ariane 6.
Finalement, l'hors de la conférence ministérielle de novembre 2012, censée voter le budget de l'ESA pour les deux prochaines années, la décision est prise d'offrir une envelopper de 157 millions d'euros pour l'étude du nouveau lanceur, alors que les travaux pour Ariane 5 ME sont lancés. Cependant, cette version ne verra jamais le jour, étant abandonnée en 2014, alors que le premier vol était prévu pour 2017 ou 2019. Entre 2012 et 2014, une série d'études sera menée pour Ariane 6, et la décision sera prise, entre autres, de réutiliser le moteur ré-allumable Vinci, initialement prévu pour Ariane 5 ME, mais également de baisser les tarifs de 40%, permettre de mettre entre 3 et 6,5 tonnes en orbite, 6,5 tonnes étant le poids maximum actuel pour les satellites, en orbite de transfert géostationnaire, ou GTO, pour geostationnary transfert orbit.
Bref, c'est entre 2012 et décembre 2014 que les bases des caractéristiques d'Ariane 6 seront posées, même si elles seront amenées à évoluer, la charge maximale passant de 6,5 à 11,5 tonnes.
Bien entendu, Ariane 6 restera capable de lancer deux grands satellites simultanément, mais à moindre coût comparé à Ariane 5.
Ariane 6 sera déclinée en deux versions: Ariane 62 et Ariane 64.

Ariane 62 sera équipé de deux boosters, et Ariane 64 de quatre boosters.
Boosters dont le moteur à d'ailleurs été testé avec succès pour la seconde fois ce 29 janvier 2018. Moteur qui sera d'ailleurs un moteur commun avec le premier étage de la prochaine version du lanceur Vega, Vega C.

Le petit lanceur Italien Vega C.

Vega C qui lancera d'ailleurs, si le projet est validé, la future navette automatisée Space Rider, dont le premier vol de qualification devrait avoir lieu en 2021.
Pour en revenir aux deux versions d'Ariane 6, elles seront capables de mettre 5 tonnes en orbite de transfert géostationnaire pour Ariane 62, et 11 tonnes pour Ariane 64.
D'ailleurs, si tout se passe bien, Ariane 6 devrait effectuer son premier vol en juillet 2020. Date, bien entendu, susceptible d'être modifiée.
À terme, ArianeEspace compte lancer une douzaine d'Ariane 6 par an, une fois que la période de transition de quelques années d'Ariane 5 vers Ariane 6 sera terminée. Du côté du pas de tir, celui-ci est actuellement en cours de construction au centre spatial guyanais de Kourou. Pour le plaisir des yeux, voici d'ailleurs une vidéo de l'installation de la table de lancement, qui supportera le poids d'Ariane 6, 530 tonnes pour Ariane 62 et 860 pour Ariane 64, avant son décollage. À titre de comparaison, un Airbus A380 à vide pèse 276.8 tonnes.
En résumé, Ariane 6, bien qu'elle ait encore besoin de quelques contrats commerciaux supplémentaires pour un départ optimal, semble promise à un bel avenir, et vous pouvez être sûr que l'on suivra cette évolution avec intérêt.
En attendant, c'est tout pour cet épisode sur Ariane 6, j'espère qu'il vous aura plus, quant à moi, je vous dis à la semaine prochaine pour un nouveau cinq minutes pour parler.


Dernière mise à jour le: 01/01/1970 00:00