Chang'e-4, de son petit nom, est une mission d'exploration lunaire développée par l'agence spatiale chinoise, la CNSA.
La mission s'est posée la nuit du deux au trois janvier 2018 à 3h26 heure française, et c'est une première: en effet, aucun appareil automatisé n'avait encore tenté de se poser sur la face cachée de la lune jusqu'à cette nuit, une première dans le domaine et un exploit de plus pour le programme spatial chinois.

Il est équipé d'une caméra panoramique, d'un spectromètre, d'un radar et d'un analyseur d'atomes neutres, fourni par la Suède. Le travail de ce dernier sera d'étudier les structures souterraines proches de la surface lunaire.
L'atterrisseur, quant à lui, ne reprend que deux instruments de la mission précédente ( Chang'e-3 ) :
La caméra d'atterrissage et la caméra topographique, dont la première utilisation a été un échec.
Les autres instruments, sont quant à eux des petits nouveaux:
On peut citer un dosimètre à neutron, dont la mission sera de mesurer la quantité d'eau dans le régolite lunaire, en vue d'une prochaine mission habitée.
Une expérience dans un environnement contrôlé visant à faire pousser des pommes de terre et de l'arabidopsis, une sorte d'herbacé, ainsi que des vers à soie, le but étant de créer et d'étudier le développement d'une petite biosphère, au climat similaire à celui de la terre, qui sera filmée en permanence par une petite caméra.
Voici, d'ailleurs, un panorama de pris depuis l’atterrisseur, où l'on peut voir l'environnement autour de l'atterrisseur et le petit rover Yutu-2:

Change'-4 est une mission constituée de trois appareils distincts :
Un satellite de relais, Queqiao, lancé le 20 mai 2018 et situé au point de Lagrange L2, afin de servir de relais de communication avec l'atterrisseur et le rover. En effet, ceux-ci étant posé sur la face cachée de la lune, il leur est entièrement impossible de communiquer avec la terre sans l'aide de ce satellite de communication.


Pour le cœur de la mission, celle-ci est constituée d'un rover et d'un atterrisseur.
Le rover ( Yutu-2 ) reprend trois des quatre instruments de Yutu, de la mission précédente, Chang'e-3.
On peut aussi citer un spectromètre qui effectuera différentes études sur les vents solaires, le plasma lunaire etc, à l'abri de la "gène" de la terre.

Du coté des objectifs scientifiques, il y en a plusieurs:
En premier, on notera l'étude de la température de la surface lunaire, des observations astronomiques dans les ondes radio basse-fréquence, très polluées sur terre, l'étude des rayons cosmiques et de la couronne solaire, mais aussi et surtout, l'étude du sol lunaire, et c'est justement pour cette raison que le cratère Von Karman a été choisi.
En effet, celui-ci se situe dans le bassin Aitken, profond de plus de 13 kilomètres, créé à la suite d'un violent impact qui aurait été suffisamment violent pour expulser la croûte de surface, jusqu'au début du manteau de la lune, ce qui permet d'ainsi étudier son manteau, sa formation et sa composition, sans passer par un forage bien plus compliqué à mettre en place.

Carte topographique du bassin Aitken

Vue satellite réalisée par la mission LRO ( Lunar Reconnaissance Orbiter )
Une mission qui s'annonce donc passionnante à suivre !