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Où en est le retour sur la lune / Artemis ?
Nous sommes le 19 décembre 1972, dans l'océan pacifique, à 500 kilomètres des îles Samoa.
Il est 19h06, heure universelle, et l'équipage de la mission Apollo 17 vient d'amerrir sain et sauf.
Mais la fin de cette mission, la NASA et les États-Unis tournent aussi la page des missions lunaires habitées.


Avec six missions Apollo réussies, l'Amérique a remporté haut la main la course à la lune qu'elle se livrait avec la Russie.
Avec la perte d'intérêt du grand public pour le programme et un budget de plus en plus serré, il devient vite évident qu'après trois années de missions lunaires, Apollo fait partie du passé.
La NASA se concentrera par la suite sur des programmes comme Skylab où encore la navette spatiale.
Mais depuis quelques mois, probablement boostée par les ambitions lunaires chinoises, les choses changent:
En avril 2019, l'administration Trump décide de retourner visiter notre satellite avec un tout nouveau programme, baptisé Artemis.
Pour envoyer des humains sur la lune avant 2024, la NASA se base notamment sur son tout nouveau lanceur SLS, pour Space Launch System, dont le développement semble enfin s'accélérer.
Mais cette fois-ci, les choses sont un peu différentes: au lieu de concevoir et construire les atterrisseurs lunaires, la NASA a décidé de faire appel à des entreprises privées, comme Dynetics, Blue Origin où SpaceX.
Avec cette stratégie, la NASA se permet de réduire les coûts de développement de son infrastructure, mais ce n'est pas le seul avantage de cette méthode:
Comme les différents éléments du train lunaire sont issus de différents fabricants, le développement de ceux-ci peut aller bien plus vite, ce qui sera crucial pour atteindre l'objectif de retourner sur la lune en 2024.
Dans cet épisode, on va donc se pencher sur l'état actuel du programme Artemis, et ses derniers progrès.
Pour commencer, on va se pencher sur le cœur du programme, le lanceur lourd SLS.
Et quand je dis lourd, les mots ne sont pas exagérés:


D'un diamètre de plus de huit mètres, le SLS fait entre 98 et 111 mètres de haut, en fonction des configurations, pour un poids de plus de 3 000 tonnes au décollage, ce qui correspond, à peu près, au poids de trois millions de bananes.
Actuellement, le premier étage du premier SLS est quasiment testé: la toute dernière étape sera, dans courant du mois de novembre, d'effectuer une mise à feu statique de ses quatre moteurs RS-25 pendant huit minutes, dans le but de vérifier le bon fonctionnement du premier étage.
Si tout se passe bien, le premier étage quittera ensuite le centre d'essais de Stennis, dans le Mississippi, pour rejoindre Cape Canaveral, en Floride, où il recevra ses deux boosters, son second étage et sa charge utile, la capsule Orion.
L'ensemble décollera ensuite courant 2021 vers la lune pour la mission Artemis 1.
Artemis 1 sera une mission non habitée qui permettra de tester la capsule Orion, telle qu'elle sera utilisée pour les vols habités.

Pendant une période de trois semaines, la mission va ainsi mettre à l'épreuve les systèmes de communications, d'alimentation, de contrôle, ainsi que tous les systèmes dont l'équipage aura besoin.
Cette série d'essais permettra ainsi de s'assurer du bon fonctionnement du SLS, de la capsule Orion et de son module de service, fabriqué par l'ESA et d'ailleurs inspiré de celui du cargo ATV.
Si Artemis 1 est un succès, la NASA lancera en 2023 la mission Artemis 2, qui sera assez identique à la première, à une petite différence près:
Cette fois-ci, la mission enverra des astronautes autour de la lune pour une sorte de répétition d'Artemis 3.
Au cours de cette mission, l'équipage s'entraînera notamment aux manœuvres d'approches avec la capsule Orion, manœuvres qui seront essentielles à la réussite de l'amarrage en orbite du module lunaire et de la capsule Orion afin de ramener les astronautes.
Ainsi, une fois la capsule et son module de service séparés du second étage du SLS, l'équipage effectuera plusieurs manœuvres d'approche du second étage, afin de tester les capacités, tant logicielles que matérielles, de la capsule Orion.
Du côté de l'atterrisseur aussi, les choses avancent:
Dynetics a dévoilé la première maquette de son projet d'atterrisseur, ainsi que certains détails: On apprend ainsi que pour lancer cet atterrisseur, il faudra trois lancements du futur lanceur Vulcan de United Launch Alliance, dont deux pour ravitailler l'atterrisseur.
Si le projet de Dynetics semble viable, les technologies requises pour le transfert de carburant en orbite n'ont encore jamais été utilisées à cette échelle.
Ce point ne semble, cependant, pas poser problème à la NASA où à Dynetics, ceux-ci étant confiant en l'architecture du lanceur.
En revanche, cela impliquera près de trois lancements de Vulcan en une vingtaine de jours, bien plus que la cadence actuelle de United Launch Alliance avec les lanceurs Atlas V où Delta IV.

vue d'artiste de l'atterrisseur de Dynetics


De son côté, Blue Origin en a déjà fait de même avec une maquette de la version habitée de Blue Moon.
Pour rappel, Blue Origin n'est pas seul sur cet atterrisseur: la compagnie est en effet aidée de Northropp Grumann, Lockheed Martin et Draper.
Contrairement à Dynetics, Blue Origin reprend une architecture semblable aux missions Apollo, avec un module lunaire en deux parties, un module dédié à l'atterrissage et un module dédié à la remontée.

L'atterrisseur de Blue Origin

Mais ce n'est pas le seul avancement du côté de Blue Origin:
Dans les prochains jours, Blue Origin devrait en effet faire voler une nouvelle fois sa New Shepard.
Bien qu'il s'agisse, comme tous les vols de New Shepard, d'un vol suborbital, celle-ci embarquera une expérience assez particulière:
Située à l'extérieur du lanceur, une première pour Blue Origin, le vol embarquera en effet, une série de capteurs de la NASA, dans le but d'aider au développement d'un algorithme dédié aux alunissages sur des terrains plus accidentés que ceux des missions Apollo.
Si le Starship de SpaceX s'avère prêt à temps, la NASA aura ainsi le choix entre trois atterrisseurs pour renvoyer des humains sur la lune.
Mais pas que des humains:
On apprenait en effet récemment que des missions automatisées devraient aussi envoyer des charges de la NASA à la surface de la lune à partir de 2023.
En parallèle de tout cela, on apprenait aussi récemment que la future station en orbite lunaire nommée Deep-Space Gateway était en cours de développement, et que les premiers modules devraient être lancés avant 2024.
Ainsi, s'il est fort probable que l'équipage d'Artemis III ne passe pas encore par cette station, ce sera probablement le cas pour Artemis IV.
Ainsi, cela permettra aux équipages de se rendre bien plus facilement à la surface de notre satellite.
D'autant que, on a tendance à l'oublier, mais la NASA vise cette fois son pôle sud, ce qui nécessitera bien plus de carburant que pour Apollo.
En tout cas, le programme Artemis semble bien lancé.
D'ici quelques temps, si tout va bien, on devrait savoir qui, de SpaceX avec son Starship, Blue Origin où Dinetics enverra des humains sur la lune pour Artemis III.
Une chose est certaine: cette fois-ci la NASA semble réellement vouloir s'installer sur et autour de la lune, et y rester.
La Deep Space gateway devant être une station spatiale construite et financée par différents pays, comme pour l'ISS, et les atterrisseurs construits par d'autres entreprises, il est je crois raisonnable d'espérer que le programme Artemis dure plus longtemps qu'Apollo.
Mais ça, seul l'avenir nous le dira...


Dernière mise à jour le: 01/01/1970 00:00