Avant de rentrer dans le vif du sujet, on va juste faire un peu d'histoire:
Ganymède a été découverte en même temps que Callisto ( Europe et Io ) et ses sœurs par Galilée ( ce qui leur vaut le surnom de "satellites galliléens" ) en janvier 1610, mais je ne reparlerais pas plus de sa découverte, puisqu'elle est en tout point similaire à celle de Callisto dont nous parlions dans l'épisode précédent.
Ganymède s'est formée un peu après Jupiter, dans son disque d'accrétion.
Contrairement à Callisto dont la formation a été assez lente, environ 100 000 ans, Ganymède ne se serait formée qu'en 10 000 ans, un temps assez court à l'échelle cosmique.
Cette différence notable de temps de formation s'explique par le fait que Ganymède est bien plus proche de Jupiter que Callisto ne l'est.

D'après certaines théories parmi les plus probables, c'est d'ailleurs cette formation rapide qui aurait permis à Ganymède de conserver sa chaleur.
D'autres théories mettent en avant le grand bombardement tardif, il y a environs 4 milliards d'années, ou encore un effet de marée intense et, pourquoi pas, un mélange de ces différentes conditions.
En tout cas, s'il y a une chose que l'on peut dire à propos de Ganymède, c'est qu'elle est probablement la lune la plus spéciale de notre système solaire: On peut déjà citer son diamètre de 5,268 km, ce qui fait de Ganymède la lune la plus large de notre système solaire, 8% plus large que mercure, elle ne fait cependant que 45% de sa masse.

Mais ce qui fait de Ganymède une lune à part, est sa présence d'eau, supérieure en quantité a tout nos océans réunis, laissant présager la présence d'une ou de plusieurs couches d'eau liquide.

Je m'explique.
Selon certaines études, il se pourrait que Ganymède dispose d'une succession de couches de glace et d'eau potentiellement liquide et de plus en plus salée au fur et à mesure de la descente et ce jusqu'à son noyau rocheux, contenant un cœur liquide, visiblement très métallique, puisqu'il génère égalent un champ magnétique.
Champ magnétique d'ailleurs très similaire en intensité à celui que l'on retrouve autour d'Europe.
Mais ce qui rend Ganymède encore plus particulière, c'est une succession de couches d'eau et de glace, puisque cette structure si étrange ne semble exister nulle part ailleurs dans le système solaire.

Bien entendu, au fur et à mesure que l'on s'approche du noyau, ces couches contiennent de plus en plus de sel.
En 2015, des mesures effectués par le télescope spatial Hubble ont montré, grâce à l'analyse des aurores et à son champ magnétique, la présence d'une couche extrêmement profonde, située à plus de 800 kilomètres et d'une conductivité similaire a de l'eau salée.
Je vais vous passer les détails, mais toutes ces mesures semblent indiquer la présence de plusieurs couches d'océans..D'autre part, grâce à son noyau actif et donc très chaud, ainsi qu'à une pression importante, il est possible que les conditions nécessaires à l'apparition d'une forme de vie extrêmophile ( vivant dans des conditions extrêmes ) soit possible.

Trancher sur la question de la structure interne et de la potentielle habitabilité de Ganymède, ce sera aussi le travail de la mission JUICE ( Jupiter Icy moons Explorer, Agence Spatiale Européenne ), dont le lien de l'épisode qui lui a été dédié se trouve ICI.
D'autre part, la surface de Ganymède est plus que spéciale: elle est divisée en deux types, l'un très ancien, plus sombre, et l'autre plus jeune, a l'échelle de la vie de la lune bien sûr, et clair, visiblement composé de glaces, notamment d'eau. Différentes analyses de la surface de Ganymède ont également révélé la présence de composés organiques ( une partie des briques du vivant ), et également de sel provenant visiblement de son océan.

Dans touts les cas, pour en apprendre plus sur son océan et sa structure interne en général, et donc sa potentielle habitabilité, qui reste très relative, tout comme Europe, Encelade et Callisto, il faudra attendre la décennie 2030, avec des missions comme JUICE où Europa Clipper ( NASA ), mais soyez sûr que l'on suivra ça avec le plus grand intérêt.